CPE : AUDIENCE RECTORALE DU 15/01/2010
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I. Le problème de la Hors-classe
Vendredi 15, les CPE commissaires paritaires étaient reçus par le recteur, à leur demande afin d’évoquer différents points de crispation et tout particulièrement la CAPA de hors classe tenue à la fin de l’année scolaire 2008-2009.
On se souvient que l’IPR-Vie Scolaire avait fait passer son collaborateur de la 13ème place à la 3ème, évinçant une collègue qui du coup n’avait plus droit à la hors classe. Nous avions écrit alors au recteur, Madame Reynier, pour lui demander de désavouer son IPR, puis, sans réponse, nous avions en vain réclamé une audience. Devant l’inertie de l’administration, nous avons boycotté la première CAPA en menaçant de ne plus siéger tant que nous n’aurions pas été entendus par le recteur.
Nous avons fait valoir à ce dernier que l’administration ne peut édicter des règles et s’asseoir dessus. Nous avons fait aussi valoir que le rapport de l’IA-IPR aurait dû nous parvenir en même temps que les autres documents [1] . Enfin, nous avons plaidé le préjudice causé à notre collègue.
Le recteur nous a donné raison, montrant son attachement à la forme en matière d’acte juridique. Il a indiqué que la collègue serait promue sur le contingent de cette année. Enfin, s’il semble – aux dires de l’IA-IPR – que le ministère reproche au rectorat trop de hors classe à l’ancienneté [2] , nous avons maintenu pour l’essentiel la promotion de collègues depuis longtemps en fin de carrière (2/3). Un groupe de travail paritaire bipartite sera réuni pour examiner les conditions de passage à la hors-classe. Il devrait être composé pour l’administration de 4 chefs d’établissement (collège, lycée professionnel, lycée polyvalent et lycée d’enseignement général)
Nous avons donc indiqué que nous suspendions notre pétition.
II. La Sécurité
Auparavant les collègues CPE avait abordé différents problèmes dont celui de la sécurité, les CPE étant en première ligne dans les établissements. Sans cependant aller jusqu’à revendiquer une prime de risque, ils réclament des moyens pour faire face aux intrusions d’éléments extérieurs dans les établissements souvent appelés par les élèves depuis leurs téléphones portables.
Sur ce point, le recteur souligne qu’il y a deux problèmes qui sont là posés. D’une certaine manière, le statut de CPE attire la violence. Il faut donc que les CPE soient formés aux différentes violences. Il leur faut donc d’une part une formation psychologique mais aussi une aide. Ainsi, le recteur nous annonce-t-il qu’il a mis sur pied une Equipe Mobile de Sécurité composée de 5 personnes recrutées et dirigées par un ancien commandant de police spécialisé en matière de stupéfiants. En effet, la sécurité fait partie des axes majeurs des actions du rectorat.
Dans un premier temps, il conviendra de donner la priorité aux établissements les plus dangereux en s’appuyant sur les chefs d’établissement et les CPE. Cette équipe est formée, nous est-il précisée, à toutes les formes de violences dans et à proximité des établissements.
Parallèlement il conviendra de travailler aussi au sein de la politique de la ville. Ainsi l’expérience menée à Julia Nicolas avec le concours des adultes relais a permis de réduire l’insécurité à proximité de l’établissement. En entamant le dialogue avec les jeunes qui stationnaient en permanence aux abords de l’établissement, les adultes relais ont réussi à les faire partir. Cela permet d’améliorer le sentiment de sécurité, comme cela a été le cas à Frantz Fanon. Pour autant, et notamment par rapport à ce qui s’est passé dans cet établissement, encore faut-il savoir réellement diagnostiquer où se situe le danger. Si les forces de l’ordre fouillaient les garçons à Frantz Fanon à Trinité, elles n’ont pas imaginé que les filles se prêtaient au jeu des garçons et transportaient les armes pour eux. C’est la raison d’être de cette nouvelle politique sécuritaire avec cette équipe mobile de sécurité dont la mission est d’observer et de diagnostiquer l’origine exacte du danger et de ses ramifications.
A Gérard Café, le chef d’établissement ayant eu vent de règlements de comptes au collège ou devant le collège de la part de bandes rivales annonçait son intention de fermer son collège par anticipation. Au contraire, l’équipe mobile de sécurité alertait la police et la gendarmerie qui, par des rondes autour du quartier prévenaient toute tentative de bataille rangée….maintenant l’établissement ouvert.
Concernant le problème de clôtures défectueuses évoqué notamment pour Dillon I mais pour d’autres établissements, favorisant l’intrusion de n’importe quel élément extérieur, le recteur rappelle que l’entretien du bâti et des clôtures incombe aux Conseil général pour les collèges et à la Région pour les lycées. S’il est évident que les chefs d’établissement peinent à faire entendre leur voix ils peuvent compter sur le relais du recteur auprès des responsables. C’est ainsi qu’un problème de poteaux de basket s’est posé dans un établissement, mettant en danger les élèves, et le rectorat à obtenu une intervention rapide des responsables.
En même temps, le recteur signale sa difficulté à obtenir un diagnostic fiable. Or il lui faut des éléments consistant à faire remonter. Il lui faut donc des rapports précis afin d’établir un diagnostic global à faire remonter au ministère.
Pour autant, le rectorat a déjà repéré un certain nombre de paramètres qui lui permettent d’être déjà vigilant à l’égard de certains établissements. C’est ainsi que concernant les incidents du Vauclin, le recteur indique que la réaction a été immédiate.
Concernant le contrat local de sécurité, Gilles MARIE souligne la difficulté à le réactiver. L’IEN-IPR-VS indique que le CESC doit aussi permettre de prendre la mesure des problèmes. Il indique qu’il a eu un taux de réponse en 1 semaine de 60 / 66 établissements et que d’ici la fin des grandes vacances on devrait avoir une vision de tous les EPLE.
Le recteur souligne que l’Equipe mobile de sécurité permettra une prévention sur des situations qui risqueraient de durer. A terme évidemment il s’agit de gérer tous les établissements même si au début on recherche les plus en difficulté.
Le logiciel SIGMA a disparu, remplacé par CIVIS. Il permet des enquêtes déclaratives par rapport aux incidents extérieurs à l’établissement, et aux incidents internes à l’établissement.
Le recteur souligne aussi l’importance des moyens accordés : 89 adultes relais et 60 médiateurs de réussite scolaire. Ces derniers recevront une formation en fin janvier et en fin août de 4 jours. Ces personnels sont sous l’autorité des CPE.
Le recteur rappelle que les personnels de vie scolaire – notamment les AED – n’ont pas à être soustraits à leurs fonctions pour faire office de technicien TICE…
L’IEN-IPR-VS souligne le travail en équipe nécessaire pour gérer la violence. Il estime qu’il faut aussi y impliquer les professeurs lors des études de cas durant des formations sur site.
III. La formation
Les collègues CPE soulignent leur besoin de formation. Le recteur et l’IEN-IPR-VS expliquent qu’ils ont pleinement conscience de ce besoin et qu’ils ont l’intention d’y répondre. En effet, la réforme des lycées va entraîner un problème complexe d’emplois du temps, qu’il va falloir gérer avec des flux d’élèves de tous les côtés.
On constate aussi une évolution du seuil de compétence des CPE. Il faut donc une formation pédagogique nouvelle.
Dès lors il importe de mettre en place pour les collègues CPE une formation de médiateurs et de managers avec l’intervention d’un formateur issu du secteur privé.
Demande aussi de formations sur Excel et Word.
Un groupe de travail est évoqué aussi pour tenter de remédier à la sortie de 3 à 600 élèves du système scolaire chaque année.
Madame Midas indique qu’un groupe de travail TICE se réunit pour réfléchir aux besoins en matière de formation et mettre en place du e-learning. Le représentant du SNES et de la FSU demande à ce que la fédération et le syndicat soient présents à ce groupe de travail, ce qui est noté par la DRH.
IV. Les problèmes de personnels
Gérard Boutant évoque le problème des contrats aidés et des AED. Il souhaite que l’on anticipe leur recrutement afin d’éviter les absences dues à la vacance d’un poste non pourvu. Pour le rectorat, on ne peut réagir que lorsqu’on sait dès lors qu’on sait que la personne est recrutée ce qui conduit à début septembre. Il semble pourtant qu’il y ait un malentendu puisqu’il ne s’agit pas de nouveaux postes mais de renouvellement de personnes dans un emploi déjà là. Dans ce dernier cas, il ne devrait pas y avoir de problème dès lors que les signalements sont faits dans les temps. En principe les EPLE sont avertis des contrats qui viennent à échéance et des personnes à renouveler.
Concernant les congés de maternité, ils sont remplacés en principe. Ils sont remplacés sur crédit ce qui signifie qu’on va récupérer l’argent sur une ligne de crédit moins importante. Par contre, sur de courtes durées, on ne remplace pas les AED.
Le recteur fait état, en prévision des créations d’internats et d’internats d’excellence (pour la rentrée 2011) d’une dotation importante de postes d’AED par le ministère de manière anticipée. Le rectorat a aussi fait état d’une situation en matière de sécurité difficile aux abords des établissements, et au fait que les élèves arrivent dès 6 heures du matin devant les EPLE. Il convient de les recevoir et de les faire entrer ce qui nécessite du personnel.
Par contre si on peut obtenir du personnel en expliquant des besoins particuliers reposant sur une analyse précise des spécificités, on doit reconnaître que la Martinique se fait systématiquement épinglée par ses surnombres en CPE et en équipes de direction par rapport à la métropole. Par exemple, pour 580 élèves, Acajou I dispose de 2 CPE, ce qui paraît une situation de luxe par rapport à la France de l’Hexagone.
Il conviendra de justifier cette situation à l’aide d’arguments très précis si on ne veut pas se retrouver pénalisés.
Santé : le ministre de l’Education nationale s’est engagé le 5 janvier à ce que les personnels soient suivis. Auparavant en Martinique, le médecin de prévention chargé du suivi des collègues devant ordinateur était en fait un agent de bureau titulaire d’un diplôme d’orthoptiste, parti à la retraite ( ?).
[1] Monsieur l’IPR Vie Scolaire, si prompt à dénoncer les "manquements" des collègues de la profession se doit d’être exemplaire dans le traitement de ses propres dossiers, sous peine de les voir tous annuler
[2] Rappelons que la hors classe au 7ème échelon ne rapporte quasiment rien. Mais elle permet au gouvernement d’empêcher à des personnels au seuil de la retraite de partir avec une retraite meilleure. C’est la position que le SNES défend car c’est celle qui avait été à l’origine de la hors-classe : permettre aux collègues arrivés tout en haut et bloqués pendant de nombreuses années au 11ème échelon de pouvoir disposer d’une autre échelle de progression. En même temps, ils arrondissent le montant de leur retraite. Rappelons qu’il y a moins de 10 ans encore, tous les personnels au 11ème échelon pendant 4 ans passaient automatiquement à la hors classe. C’est pour casser cette promotion obtenue par les syndicats que le gouvernement limite cette hors classe au soi-disant mérite et surtout à un nombre plus réduit de collègues.