LETTRE OUVERTE A ANDRE SIGANOS, RECTEUR DE LA MARTINIQUE
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Le SNES Martinique répond aux propos du recteur de la Martinique tels qu’ils sont parus dans le France Antilles de ce jeudi 15 avril 2010.
Ce Jeudi 15 avril 2010, alors même que le collège de Basse Pointe était bloqué par les parents d’élèves pour s’opposer à la fermeture de 4 divisions, France Antilles faisait paraître un entretien dans lequel vous vous exprimiez, monsieur le Recteur.
Le SNES Martinique s’étonne des propos que vous y avez tenus. Nous rappellerons – en préalable – que l’un de vos prédécesseurs s’enorgueillissait, au début de l’année civile 2000, de revenir de l’hexagone avec 100 postes supplémentaires pour une académie déficitaire.
Depuis c’est quasi un millier de postes qui a disparu. Comment expliquer qu’en une décennie, une académie de déficitaire devienne excédentaire, sinon par le fait que les critères d’évaluation ont changé ?! On fait en effet semblant d’oublier que toute la fonction publique de l’Education a subi le dégraissage forcené qu’Allègre appelait de ses vœux. Qu’il ne s’agit là que de mettre l’Education au pain sec et à l’eau afin de supprimer l’école publique au profit d’une école privée de caste et de classe, celle des largesses fiscales de votre gouvernement.
C’est la raison pour laquelle, monsieur le Recteur, nous rafraichirons votre mémoire sélective.
97 postes en moins ? NON ! 110 à la prochaine rentrée et plus 110 emplois que 110 postes car ces derniers seront plus importants encore une fois les comptes faits. On oublie en effet les stagiaires, tous employés à 18 heures comme de vrais profs alors qu’ils n’ont jamais appris à enseigner !
Nous perdons tous les ans à peu près l’équivalent d’un gros lycée dites-vous ? L’image est frappante mais tordue. En effet, on ne peut additionner les élèves du primaire et ceux du secondaire (tout comme ceux du collège et ceux du lycée) : les élèves du primaire ont diminué – mais la natalité remonte ! – et on retrouve donc en collège puis en lycée la baisse d’élèves année après année. Nous rappelons que – selon vos propres dires –, nous devrions connaître enfin une pause l’année prochaine. Il faudra cependant qu’on nous explique par quelle corrélation cette baisse d’élèves autorise l’augmentation systématique du nombre d’élèves par classe ; il faudra de même qu’on nous explique comment, alors que la baisse des élèves est massivement en lycée, ce sont les collèges qui en subissent les effets essentiels ( 44 classes pour 180 élèves de moins contre 25 division pour 587 élèves de moins en lycée). Est-ce là votre conception du « bon » travail ?
Nous avons la 5ème meilleure situation de France ajoutez-vous. Cela ne signifie rien. Meilleure en termes de moyens ? Quel parent, quel élève pourra croire que la Martinique est une Rolls en matière de moyens éducatifs ? Par contre nous savons que nous sommes l’académie la plus touchée en matière de saignée de postes, l’académie où les élèves sont les plus défavorisés, ont accumulé le plus de retard, redoublent le plus, et, finalement, réussissent le moins. Disons le tout net : le ministre et son représentant le recteur ont décidé que les moyens importaient peu puisque nous restions à la traîne. Enlevons ses béquilles au paralytique : il marchera à coup sûr !
Enfin, quant à l’idée qu’il faut se mettre au travail, monsieur le Recteur, vous plaisantez, et vos administrés apprécieront votre cynisme. Toute l’Education Nationale en Martinique est en surchauffe parce qu’elle travaille au-delà de ses capacités. Le rectorat lui-même est en collapsus, exsangue après 40 postes perdus ces dernières années. Le public sait-il comment le rectorat traite ses fonctionnaires ou ses contractuels puisqu’il n’a plus les moyens de faire face au simple quotidien ? Les bulletins de salaire nous parviennent avec 3 à 4 mois de retard pour de basses raisons financières et de moyens. Les déménagements des collègues affichent un retard d’au moins un an faute de moyens financiers. Certains collègues ont assuré des activités d’accompagnement scolaires et attendent leur rémunération depuis le début de l’année, certaines formations semblent avoir été fermées faute d’argent. Quant au paritarisme, jamais comme maintenant il n’avait eu autant de plomb dans l’aile.
Alors, oui ! on peut s’évertuer à crier aux paresseux ! Cela permet de mieux cacher le manteau en lambeau qui recouvre l’Education en Martinique !
Toutefois, qui prêtera l’oreille, entendra sous le manteau les cris des personnels, des élèves et des parents, qui, nous l’espérons, après Basse Pointe, nous rejoindront à leur tour au rectorat pour dire leur mécontentement de la politique éducative qui est menée !