Notation Administrative : on croit rêver.

mardi 30 mars 2010
par  SNES MARTINIQUE
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Depuis l’ouverture de la campagne de notation administrative, le SNES Martinique a reçu de nombreux appels de collègues désireux de contester leurs notes et appréciations.

Malgré la circulaire pourtant très explicite du Recteur, il semblerait que les chefs d’établissements n’aient toujours pas saisi les limites de leur domaine de compétences. Bien au contraire, ils se voient médecins ou IPR comme en témoignent les propos absolument scandaleux du proviseur du LP Aliker qui, affichant une très grande suspicion quant aux congés de maladies d’une collègue, lui a parlé de « congés de complaisance » pour justifier sa notation. Que dire de la Principale d’un Collège de Sainte Marie qui après avoir reçu le certificat médical d’une enseignante a osé appeler le médecin pour lui demander des explications !!! On ne commentera même pas le fait qu’elle se soit permis de dire à la collègue qu’il était curieux que son médecin ne se situe pas dans sa commune de résidence. Les chefs d’établissements ont-ils vocation à se substituer aux médecins pour décider de la validité des certificats médicaux ou de la gravité des affections ? Peuvent-ils se substituer à la Sécurité Sociale et imposer le choix d’un médecin ?

Que penser du Principal de Dillon 1 qui explique à une enseignante qu’elle n’a pas eu le maximum de points car elle ne met pas assez souvent de 20 sur 20 à ses élèves ? Les chefs d’établissements ont-ils oublié que seuls les IPR sont habilités à évaluer les qualités et choix pédagogiques des enseignants ? Si les chefs d’établissements sont à ce point des « super-profs » qu’ils sont compétents dans toutes les disciplines, grand bien leur ferait de retourner devant les élèves pour partager avec leurs collègues enseignants leurs méthodes et qualités exceptionnelles !

Que dire de ces collègues à la santé fragile ou aux enfants malades qui subissent des pressions pour rattraper les cours manqués, l’administration arguant de « responsabilité et de conscience professionnelle ». Les chefs d’établissements auraient-ils pour mot d’ordre de « persécuter » les plus fragiles jusqu’à les faire craquer. De toutes façons, il semblerait qu’il faille saigner les enseignants à blanc, comme au Lycée Schoelcher où le proviseur met B au lieu de TB en assiduité à une collègue au motif qu’elle n’arrive pas assez en avance ! Ce même personnage s’est d’ailleurs fendu d’un « Je ne vous connais pas assez, si vous continuez comme cela, vous les aurez l’année prochaine… » à une enseignante qui lui demandait pourquoi il lui avait mis 0.4 au lieu de 0.5. Sauf que l’année prochaine, ce proviseur sera à la retraite. Que va donc lui mettre le nouveau chef d’établissement qui ne la connaitra pas mieux !!!! On remarquera d’ailleurs, que tous les cas cités jusqu’à maintenant, sont des enseignantes, donc des femmes, dont l’avancement de carrière et les pensions de retraites sont déjà souvent pénalisées par les grossesses et les temps partiels. Les chefs d’établissements savent choisir leurs victimes !

Le plus inquiétant est que, suite à l’étude des situations des collègues, nous pouvons affirmer qu’une tendance très nette se dégage au niveau des chefs d’établissements : tenir les enseignants responsables des déviances des élèves ! Le paternalisme dont les chefs d’établissements font preuve envers les élèves semble remplacer une véritable gestion de la discipline, et tout ceci va à l’encontre des attentes du « vivre ensemble » à l’école (respecter les règles de civilité, comprendre et respecter les règles, avoir un comportement social adapté…). Il faut faire croire aux parents que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, et pour éviter que les enseignants se mobilisent face à des conditions d’exercice de plus en plus difficile, quelle meilleure méthode, au lieu de leur apporter aide et soutien, que de les culpabiliser, les rendre responsables, voire leur conseiller d’aller enseigner à l’université ou de quitter l’enseignement.

Au LP Aliker, une élève avait dessiné un « 666 » sur son cahier. Cette simple annotation a donné lieu à une crise d’hystérie collective dans la classe que le professeur a essayé de gérer le mieux possible. Que peut-on faire face à 32 élèves déchainés et dont on doit assurer la sécurité pour les empêcher de quitter la salle : fermer la porte et essayer de les calmer ? Que nenni d’après le proviseur qui, sans donner d’autre solution bien évidemment, a reproché à l’enseignante d’avoir gardé les élèves en classe ! D’où une appréciation « médiocre » au pavé efficacité. Les enseignants de cet établissement ont pourtant fait remonter à l’administration, les incivilités et faits graves qu’ils subissaient, sans que celle-ci réagisse le moins du monde.

Au collège de Terreville, plusieurs élèves se sont masturbés en regardant des films à caractère pornographique pendant les cours. Un des enseignants a été sanctionné sur sa note administrative au prétexte qu’il était trop gentil et qu’il aurait manqué de vigilance, puisqu’il n’avait pas remarqué ces agissements. Aurait-il été moins « coupable » s’il les avait remarqués ? Le principal a même dit devant deux représentants syndicaux du SNES qu’il fallait surveiller les élèves comme le lait sur le feu ! Sommes-nous des surveillants ou des enseignants ? Comment pouvons-nous surveiller nos élèves tout en écrivant au tableau ou en manipulant lors de séances de sciences ? Faut-il désormais dicter les cours et ne plus faire de TP afin de ne pas quitter les élèves des yeux ? Messieurs et Mesdames les IPR pourront sans doute nous éclairer sur ce point ! On pourrait en rire tant tout cela est ridicule, mais c’est au contraire très inquiétant : ce genre d’incident peut arriver à chacun d’entre nous, nous serons alors considérés comme manquant d’autorité, sanctionnés dans notre notation administrative et donc pénalisés dans notre carrière.

Au collège Trianon, comme dans une majorité des établissements martiniquais, les conditions de travail sont très difficiles, l’incivilité grandissante des élèves étant confortée par une administration qui ne donne aucune suite aux nombreux rapports des enseignants (même lorsqu’il s’agit de violences faites aux personnes !). Cette absence complète de fermeté de l’administration conduit à une surenchère des comportements négatifs de certains élèves qui se sentent en parfaite impunité. Une enseignante, victime d’attaques verbales, d’insultes, de courriers anonymes et de menaces physiques a établi plus de dix rapports de faits graves au cours de l’année accompagnés de demandes de saisine du conseil de discipline sans que la principale se décide à réagir. La section SNES de l’établissement a dû se substituer à l’administration et adresser un courrier aux parents pour tenter de régler la situation. Plusieurs personnels de cet établissement ont dû prendre un arrêt au cours de ces derniers mois, la situation devenant très critique pour eux, au point d’atteindre leur état psychologique et leur santé. Leur a-t-on apporté aide et soutien ? Bien au contraire, on leur a reproché de ne pas savoir y faire ! La prochaine étape sera-t-elle de sanctionner ces enseignants sur leur note administrative pour manque d’assiduité, de rayonnement et d’efficacité ? Au final, un enseignant exigeant qui fait des rapports quand ses élèves ont des attitudes déviantes, n’est pas considéré comme ayant à cœur de leur apprendre les règles de vie en communauté, mais comme un enseignant ayant des difficultés à se faire respecter. C’est le monde à l’envers !

Au lieu de taper sur les enseignants, les chefs d’établissement ne feraient-ils pas mieux de soutenir leurs équipes et de prendre de vraies mesures contre les élèves perturbateurs ? Bien souvent, l’administration choisi de ne pas réagir ou fait preuve d’un laxisme démesuré, par peur des réactions des familles ou pour ne pas nuire à l’image de l’établissement. Pourtant, les adolescents qui nous sont confiés ont besoin d’amour, comme nous l’a rappelé le Recteur, mais ils ont aussi besoin de repères. Quant bon nombre de parents démissionnaires ou dépassés ne sont pas en mesure de leur montrer les limites, est-ce vraiment aux enseignants, qui ne sont ni des éducateurs ni des psychologues, de le faire ? Peut-on reprocher aux enseignants de ne pas réussir là où tous les autres échouent ? Le recteur a reconnu devant les instances syndicales que l’Académie de Martinique connaissait de graves problèmes d’incivilités et de violences : quelles mesures ont été mises en place pour tenter d’enrayer cette montée de la délinquance ?


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